Sclérose en plaques : des avancées thérapeutiques pour faire reculer la maladie

Cinq mille nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année : la sclérose en plaques est une maladie imprévisible. Elle survient vers 25-35 ans et son évolution est très variable selon les patients. Alors qu’à cet âge la vie s’ouvre devant soi, cette maladie auto-immune l’altère considérablement. Heureusement, des pistes thérapeutiques pour enrayer sa progression se dessinent.

 

Maladie inflammatoire responsable de nombreux troubles neurologiques – c’est la première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes –, la sclérose en plaques (SEP) concerne plus de 100 000 personnes en France, et pour des raisons encore méconnues, les trois quarts sont des femmes. Elle apparaît à un âge où l’on est généralement au top de sa forme. Les premiers symptômes, qui varient beaucoup selon les personnes, surviennent en effet entre 20 et 40 ans.

La SEP est une maladie auto-immune : le système immunitaire, alors qu’il est censé défendre l’organisme du patient contre les agressions extérieures, se retourne contre lui en attaquant ses propres cellules. Dans le cas de la SEP, la cible principale est la moelle épinière et la gaine de myéline qui protège les fibres nerveuses et favorise une transmission rapide de l’information entre le cerveau et le corps. A chaque poussée inflammatoire, autrement dit à chaque attaque du système immunitaire, des lésions similaires à des plaques, apparaissent au niveau du système nerveux central.

 

Des symptômes très variés

La maladie peut se manifester par des problèmes moteurs liés à une faiblesse musculaire, une perte de sensibilité ou d’équilibre, des troubles visuels (vision double ou baisse d’acuité visuelle), urinaires ou encore sexuels. Les symptômes évoluent tout au long de la vie et diffèrent selon les individus, car « les signes dépendent de la zone du cerveau ou de la moelle épinière touchée par les lésions. [Ils] peuvent être isolés ou associés. Ils peuvent survenir en quelques heures ou en quelques jours, et disparaître totalement ou partiellement en quelques semaines. Ces signes sont souvent associés à une fatigue extrême et inhabituelle, des troubles de la mémoire, de la concentration ou encore des épisodes dépressifs », indique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui précise que : « Dans 85 % des cas, la maladie débute par des poussées (forme récurrente-rémittente). »

A plus ou moins long terme, un handicap irréversible peut s’installer. Mais l’une des caractéristiques de la SEP, c’est que l’on ne peut prévoir de quelle façon celle-ci va évoluer. Au cours des premières années, les symptômes disparaissent après chaque poussée et, le plus souvent, le patient récupère complètement. Il peut s’écouler quelques mois, voire plusieurs années entre deux poussées. « Cinq à vingt ans après l’apparition de la maladie, un handicap permanent peut s’installer et s’aggraver de façon progressive, avec ou sans poussées surajoutées : c’est la phase secondairement progressive de la maladie. Dans la moitié des cas environ, une difficulté majeure pour la marche est présente vingt ans après le début de la maladie », observe l’Inserm.

 

Vers un traitement plus efficace

La science ne sait pas encore guérir les patients. Les traitements actuels – généralement de la cortisone lors des poussées, associée à un traitement de fond pour moduler l’activité du système immunitaire – permettent toutefois de réduire les poussées et améliorent leur qualité de vie.

Mais depuis quelques années, la recherche avance à grands pas, et de nombreux essais cliniques ont permis de développer de nouveaux médicaments. Pris par voie orale ou par injection, ils réduisent fortement le risque de poussée, diminuent l’inflammation et freinent l’aggravation du handicap neurologique. Les traitements doivent cependant être adaptés en fonction des individus.

Grâce à eux, l’espérance de vie des patients atteints de SEP s’est allongée de sept ans au cours des vingt dernières années. La prise en charge de leur handicap s’est aussi nettement améliorée.

 

Qu’est-ce qu’une maladie auto-immune ?

Les maladies auto-immunes sont des maladies inflammatoires chroniques qui peuvent toucher un ou plusieurs organes (ou systèmes), comme les reins, le cœur, les nerfs, la peau, les articulations… Elles sont liées à une anomalie du système immunitaire. Ce dernier assimile certains organes, qui sont sains, à des corps étrangers. Il se met alors à les attaquer en fabriquant des anticorps.

L’hérédité, les infections virales, des facteurs environnementaux peuvent être en cause. Environ 8 % des Français sont concernés. Sclérose en plaques, diabète, psoriasis ou lupus figurent par exemple parmi la longue liste.

 

Catherine Chausseray

 

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