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L’eau est un élément fascinant. Associée à des souvenirs heureux pour certains, elle peut éveiller une profonde anxiété chez d’autres.
La peur phobique de l’eau s’appelle l’aquaphobie, et se traduit par la peur panique et irraisonnée d’être ou de nager dans l’eau. Elle peut être associée à l’ablutophobie, c’est-à-dire la peur de se noyer. Pour les personnes qui en sont atteintes, les stages proposés en piscine sont utiles, voire recommandés, en complément d’une thérapie, nécessaire pour identifier l’origine de la peur.
Procéder par étapes
Pour accompagner les personnes à vaincre leur peur, de nombreuses associations animent des stages. C’est le cas du Pied dans l’eau, créée il y a 40 ans par Jean-Pierre Boumati et sa compagne Véronique Dufresnes. Plus que de simples cours de natation, ils proposent des « cours de bien-être aquatique » basés sur une pédagogie chronologique et adaptée.
La première étape consiste à vivre une expérience sensorielle. En effet, avant d’apprendre à nager, il convient de se familiariser avec la flottabilité. « On apprend à nos stagiaires à ne pas paniquer, à rester immobile dans l’eau et à être autonome, explique Jean-Pierre Boumati, ancien animateur de groupes de développement personnel et de thérapie. Ils se libèrent en déconstruisant leurs croyances morbides liées à la peur de l’eau ».
Le tout doit se faire en confiance, dans un contexte accueillant : un bassin d’eau chaude peu fréquenté, où les élèves ont en partie pied.
Avancer à son rythme
Comme chaque personne est différente, la méthode doit inévitablement s’adapter. Au Pied dans l’eau par exemple, chacun des quatre maîtres-nageurs présents en permanence dans le bassin fait une proposition d’apprentissage. Le stagiaire ira vers celle qui lui correspond le plus. L’objectif étant de créer des groupes homogènes et de dépasser la crainte du regard de l’autre. De là va naître une synergie qui porte le groupe.
Chacun doit donc apprivoiser cet élément à son rythme, en douceur et de façon progressive.
L’importance du jeu pour retrouver confiance
Que l’on soit enfant ou adulte, la familiarisation de l’eau passe principalement par le jeu (sauter, plonger…). En effet, l’expérience sensorielle doit être suffisamment convaincante pour invalider les craintes. Vous pouvez par exemple profiter des périodes de chaleur pour vous arroser avec un tuyau d’arrosage, faire des batailles d’eau pour commencer, avant d’essayer de vous baigner.
Mais plus qu’un plaisir, sachez que cet apprentissage a aussi une portée psychologique forte : « Réussir à vaincre une peur que l’on traîne depuis des années est extrêmement gratifiant pour ces personnes, témoigne Jean-Pierre Boumati. On constate chez nos stagiaires un regain de confiance extraordinaire. » Cette réconciliation avec l’eau devient un déclencheur qui leur permet de se libérer d’autres contraintes. C’est aussi ça le pouvoir de l’eau.
Constance Périn
D’où vient la peur de l’eau ?
La peur de l’eau trouve généralement son origine durant l’enfance, à la suite d’un événement traumatisant vécu directement (être poussé dans l’eau) ou indirectement (témoin d’une noyade). Elle peut aussi être transmise par la crainte ou l’interdit véhiculé par les parents : l’enfant va ressentir et intégrer ce sentiment de danger. Cette peur peut également être l’effet d’une perte de confiance survenue après un épisode douloureux (décès d’un proche, séparation…).
Consulter un professionnel de la santé mentale (psychiatre, psychologue) peut être utile pour comprendre d’où provient cette peur et arriver à la surmonter.