Fatigue extrême, sentiment d’être « au bout du rouleau », irritabilité… Au-delà d’un simple passage à vide d’une mère ou d’un père, ces sensations peuvent traduire un état de burn out. Cet épuisement physique, émotionnel et mental toucherait environ 5 % des parents.
Si le syndrome d’épuisement dans le milieu professionnel s’est popularisé, le burn out parental est nettement moins identifié. « Il intervient en effet dans le contexte particulier et intime de la sphère familiale », confirme Corinne Melot, conseillère qualité de vie au travail, sophrologue et co-auteure, avec Élise Lecornet, de l’essai Le burn out parental en 100 questions-réponses. Trois symptômes le caractérisent : « Le premier est un épuisement profond au niveau physique, émotionnel et moral qui dure dans le temps, explique-t-elle. En cela, il est à distinguer de la fatigue passagère. Le second signe à repérer est la distanciation affective avec les enfants. Le parent va s’investir de moins en moins dans la relation, tout en continuant à assurer le quotidien. Il va préparer le repas ou vérifier que son enfant dort bien mais il va effectuer ces tâches de manière mécanique. Les parents disent alors qu’ils ont l’impression d’être “des robots” ou de vivre “en pilotage automatique”. Enfin, le troisième symptôme est la perte d’épanouissement dans son rôle de parent. Les personnes qui avaient tendance à idéaliser la vie de famille se disent déçues et expriment le fait qu’on leur en “demande trop” ».
Des facteurs de risque identifiés
Les hommes peuvent être concernés comme les femmes. Mais ces dernières portent encore majoritairement le poids de la charge mentale et de l’éducation des enfants, ce qui les surexposent par rapport aux pères. Plusieurs facteurs peuvent favoriser la survenue d’un burn out et « ce ne sont pas forcément ceux qui paraissent évidents, prévient la sophrologue, comme le fait d’être parent d’une famille nombreuse ou d’avoir des revenus modestes ou des enfants en bas âges ».
Auteures de Burn-out parental : l’éviter et s’en sortir*, les chercheuses belges Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak ont identifié des attitudes pouvant avoir une influence sur la survenue du syndrome d’épuisement. Elles citent notamment le fait d’avoir des difficultés à reconnaître et à accepter ses émotions et celles des autres ; d’avoir le sentiment de ne pas être un bon parent ; de manquer de chaleur avec ses enfants ; d’être désorganisé du point de vue familial (manque de routine, désordre) ; d’être insatisfait de sa vie conjugale et d’avoir des conflits de couple devant les enfants.
Un décalage entre vision idéale et réalité
Le burn out parental toucherait 5 % des pères et des mères. Pourtant, le sujet reste tabou. « Depuis notre enfance, nous sommes bercés par les contes de fées et leur promesse “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants” qui sonne comme une injonction, considère Corinne Melot. Or, il existe souvent un décalage entre cette vision de la vie de famille idéalisée et la réalité. » Il est compliqué de parler de difficultés dans l’exercice de la parentalité quand toute la société clame qu’avoir des enfants est un grand bonheur. Ce hiatus est d’autant plus violent que, sur les réseaux sociaux, chacun à tendance à se mettre en scène avec sa progéniture dans un contexte magnifié, affichant des images modèles difficiles à retrouver dans la vie de tous les jours.
Chercher à se protéger
Si l’on se sent à bout ou si l’on repère un proche qui flanche, « aller voir son médecin généraliste est un premier pas, recommande Corinne Melot. C’est l’interlocuteur à privilégier pour parler de sa situation et éventuellement débuter une prise en charge par la psychothérapie ou par des thérapies alternatives comme la sophrologie ou la méditation par exemple. Ces dernières permettent de “souffler”, de prendre un moment pour soi, de lâcher prise et d’apprendre à gérer ses émotions. » Enfin, il ne faut pas hésiter à solliciter de l’aide autour de soi. « Se relayer entre parents, s’arranger entre amis ou demander de l’aide aux grands-parents permet d’alléger la charge », insiste la sophrologue qui ajoute qu’il faut, autant que possible, essayer « de communiquer avec son partenaire notamment, de prendre du temps pour soi et de déléguer pour retrouver un sommeil de qualité ».
Benoît Saint-Sever
* Le burn-out parental : l’éviter et s’en sortir, de Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam. Odile Jacob (192 pages, 19,90 euros).
Pour aller plus loin : Le burn out parental en 100 questions/réponses, d’Élise Lecornet et Corinne Melot. Éditions Ellipses (144 pages, 14,50 euros).
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