Papier VS numérique : quel impact environnemental ?

Privilégier le digital plutôt que le papier est devenu de plus en plus courant au nom de la protection de l’environnement. Mais les nouvelles technologies ne sont pas toujours plus écologiques : elles produisent aussi des déchets et nécessitent de l’énergie pour fonctionner.

 

Les magazines, les factures, les publicités, les courriers, tous sont aujourd’hui dématérialisés. En plus de faire gagner du temps et de permettre d’économiser le transport notamment, cette pratique permet aussi de moins consommer de papier. Mais à l’inverse, utiliser un ordinateur, une tablette ou un smartphone a aussi un coût environnemental. Difficile donc de faire la part des choses et de s’y retrouver quand on veut prendre soin de la planète.

 

Papier : une fabrication polluante

Pour produire environ une tonne de papier, on estime qu’il faut 300 000 litres d’eau et l’équivalent énergétique de 2 000 litres de pétrole. Plusieurs produits chimiques sont de plus nécessaires pour dissoudre la lignine du bois, pour décolorer et blanchir la pâte puis l’égoutter, sans compter les colles, gels et résines que les industriels peuvent ajouter. Le bois, duquel est extraite la cellulose, provient pour l’essentiel des coupes d’entretien des espaces boisés et des déchets des scieries. L’origine de ce bois est contrôlée en France et en Europe, mais ce n’est pas le cas partout. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime qu’entre 17 et 20 % des arbres abattus dans le monde servent à l’industrie papetière et participent à la dévastation des dernières forêts primaires. Des progrès ont toutefois été réalisés ces dernières années par cette industrie tant pour limiter la pollution que pour recycler et réutiliser le papier.

Chacun à son niveau, il est possible d’agir pour réduire sa consommation. Il est conseillé de mettre un autocollant « Stop pub » sur sa boîte aux lettres. D’après une enquête menée par l’UFC-Que Choisir, il permet d’économiser 55 kilogrammes de papier par an. Autre solution : limiter les impressions à la maison comme au bureau ou, à défaut, imprimer ses documents en recto verso pour optimiser la surface utilisée. Mieux vaut également opter pour un papier recyclé, qui est aujourd’hui de très bonne qualité. Sa fabrication « demande sept fois moins d’énergie et vingt fois moins d’eau, et contrairement aux idées reçues, elle n’utilise pas davantage de produits chimiques », indique l’association de consommateurs. Des écolabels existent pour être sûr de son choix : l’Ange bleu allemand (fibres 100 % recyclées et sans substances dangereuses) et l’Écolabel européen (au moins 50 % de fibres recyclées et des sites exploités en gestion durable) par exemple. Enfin, la dernière action consiste à mettre à recycler son papier usagé dans la poubelle jaune pour qu’il soit réutilisé.

 

Numérique : émetteur de gaz à effet de serre

La dématérialisation a un impact bien réel sur l’environnement. « Le secteur du numérique est responsable aujourd’hui de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d’ici 2025 », estime l’Ademe. Ces gaz à effet de serre sont dus à 28 % aux infrastructures réseau, à 25 % aux data centers (des centres de stockage de données) et à 47 % aux équipements des consommateurs (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS…). Mais il faut également prendre en compte l’intégralité du cycle de vie de ces objets. La fabrication d’un ordinateur nécessite 800 kilogrammes de matières premières mobilisés et génère 124 kilogrammes de CO2, sur les 169 kilogrammes émis sur l’ensemble de son cycle de vie. La différence provient notamment du transport du produit jusqu’au consommateur.

Pour limiter ces effets négatifs, l’Ademe recommande de faire durer au maximum ses équipements. « Passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50 % son bilan environnemental », constate-t-elle. Au moment de les remplacer, penser au don, au troc ou à la vente d’occasion permet de leur donner une seconde vie avant de les mettre au rebut et de les recycler. Des astuces permettent aussi de limiter la consommation d’énergie : ne pas laisser les appareils ou les veilles allumés en permanence, limiter le nombre de programmes ou d’onglets ouverts, désactiver les fonctions (GPS, Wifi, Bluetooth) non utilisées et sélectionner autant que possible le mode « économie d’énergie ».

 

Benoît Saint-Sever

 

 

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